Séquence 1

Ce matin, c’est le silence qui m’a réveillé. Un silence vide. Sans ces bruits minuscules auxquels on ne fait plus gaffe à force de les connaître. Aucun écho de chasse d’eau lointain, pas un craquement de parquet, nulle voix de femme pour chantonner en moulinant le café. Pas de café, du reste. C’était un silence sans odeur. Etrange jusque dans le sommeil. Vaguement oppressant. Et suffoquant en bout de course. L’absence de tout, ça pèse. A vous en étouffer. Comme un poids mort qu’on aurait sur la poitrine. Un silence pareil, c’était pire qu’une noyade. Je me souviens d’avoir cherché de l’air. Mon cœur s’est décroché et j’ai ouvert les yeux.

Mon palpitant cognait contre mes côtes. Dans mes artères la pression jouait la pompe à bière. Mon pouls tressautait comme un lézard épileptique. Mais le silence était intact. Un bloc, avec rien pour l’entamer...

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